Trois jours après que 3 militaires français avaient perdu la vie à Hombori [le 28 décembre, au Mali, près des frontières burkinabée et nigérienne], et alors que le Premier ministre français, Jean Castex, avait réveillonné avec les 800 militaires du camp Kosseï au Tchad, est survenue encore une autre tragédie à Menaka. Le sergent Yvonne Hynh (seule femme victime en huit ans d’opération française au Sahel) et le brigadier Loic Risser du 2e Régiment de hussards de Haguenau sont tombés lors d’un guet-apens du GSIM [Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans].
Tanerti Mauri, Dorian Issakhaniam, Quentin Pochet, Yvonne Hynh et Loic Risser, 5 noms en moins d’une semaine, soit au total une cinquantaine de soldats tricolores tués depuis le début de cette opération extérieure française sahélienne en 2012. Ce samedi 2 janvier 2021, alors que la Commission électorale nationale indépendante nigérienne proclamait les résultats provisoires des élections du 27 décembre, des djihadistes juchés sur leurs motos donnaient facilement la mort à une centaine de Nigériens dans deux villages de la région de Tillabéry [au sud-ouest du pays, toujours dans la zone dite des “trois frontières”. [La présidentielle au Niger est présentée comme exemplaire, alors que le chef de l’État sortant a choisi de ne pas se représenter et qu’un second tour aura lieu en février.]
Ce regain de violence survient presque un an après le sommet de Pau dont le raout anniversaire, prévu pour janvier ou février 2021, fera l’inventaire, mais ces tueries sont aussi perpétrées au moment où il est question d’un allégement du corps expéditionnaire français, fort aujourd’hui, de 5 100 hommes.
Premiers ennemis publics
Les vocables de “guêpier”, “bourbier”, ou “désengagement” n’ont jamais été prononcés par les bouches d’autorités françaises, mais l’idée d’un relatif retrait de la France au profit d’une force européenne trotte dans les esprits.
En attendant, la France n’a pas vocation à abandonner le Sahel, elle envisage même des négociations avec certaines katibas, à l’exception cependant des premiers responsables de l’État islamique et d’Al-Quaida, comprendre Abou Walid Al-Sahraoui, dont la présence ensanglante les trois frontières, et Iyad Ag Ghali, dont les rapts et assassinats se poursuivent de plus belle.
Engager un dialogue
Le refus répété de la France [de négocier avec les groupes terroristes] semble avoir fait monter [leur] colère. Car même s’il y a une inflexion de la part de l’Élysée, elle est sélective, puisque Paris [dit ne pas vouloir prendre] langue avec tous les djihadistes. Exit Al-Sahraoui et Iyad Ag Ghali, face à qui ce sera la guerre.
Les deux seigneurs des katibas veulent-ils par leur bellicisme sanglant s’inviter de force dans ce dialogue entre la France et ses ennemis de l’ombre ? La France sera-t-elle alors prête à s’asseoir sous un arbre à palabres avec ses ennemis numéros 1 ? Les réponses ne sont toujours pas tranchées. Et pendant ce temps-là, sur le terrain, c’est toujours la guerre !